LE meilleur guitariste AU MONDE La rencontre du jazz et de la musique tzigane était inscrite dans le ciel mais il a fallu que Django en descende pour l'incarner. Ainsi pourrait-on commencer la légende du fabuleux Gitan, qui, au-delà de l'engouement passager dont il fut l'objet dans les années 30, créa en compagnie de Stéphane GRAPPELLI un style à part entière dont ils resteront les meilleurs représentants.
L'improvisation est la clé de ces rencontres. Rencontre des cultures musicales : en 1931, Django découvre les disques de Louis ARMSTRONG et de Duke ELLINGTON et reconnaît dans le jazz (pas n'importe lequel : le meilleur !) sa terre d'élection - s'il est permis d'employer une telle expression s'agissant d'un homme infiniment nomade.
Rencontre des individus : en 1934, Django s'associe à GRAPPELLI alors qu'ils sont tous deux engagés dans l'orchestre d'un grand hôtel parisien et se découvrent un amour commun (le jazz!) en improvisant pendant les pauses. Il est pourtant difficile de trouver des musiciens plus dissemblables, l'un (le guitariste) mettant toute son énergie dans un jeu qu'on a pu qualifier d'expressionniste tant sa violence contenue laisse sentir une très grande tension émotionnelle, l'autre (le violoniste) laissant comme couler de son instrument une musique délicate et charmeuse qui a pu paraître futile aux oreilles distraites.
Rencontre où l'alliance des contraires donne naissance à un équilibre idéal, dû en partie à une émulation née de leur amour commun du jazz - pensons au duel Lester YOUNG / Herschel Evans entretenu par leur employeur commun, Count BASIE.
Pour en revenir à la petite histoire, c'est le chanteur (quasi-crooner) Jean Sablon qui insista auprès de Django pour obtenir sa collaboration et nul ne s'en plaindra puisque non seulement les disques qu'ils gravèrent ensemble sont délicieux ("Pourquoi m'avoir donné rendez-vous sous la pluie ?") mais que ce fut Sablon qui favorisa l'introduction de son protégé dans le milieu deu spectacle parisien.
Ce n'est plus la faculté d'improviser qu'il faut alors savoir apprécier chez Django mais sa relative faculté d'adaptation. Il ne fut jamais rompu aux usages des gadjés, aussi le vit-on parfois arriver en retard au studio d'enregistrement, s'enfermer dans sa chambre d'hôtel pour peindre (à New York, quand tout le monde l'attendait pour son "couronnement" auprès de Duke ELLINGTON...). Ces quelques manquements aux obligations de notre vie sociale ne l'empêchèrent pas d'être brillant partout où l'on avait eu la bonne idée de faire appel à ses talents d'accompagnateur, et cela sans compromission aucune.
C'est en 1934 que Django participe au premier concert du Hot Club de France, c'est en 1934 également que Django et GRAPPELLI gravent leurs premiers disques ensemble. Le début de leur succès date de 1936 et l'Exposition Universelle de 1937 leur permet de rencontrer les musiciens américains venus pour l'occasion. Les enregistrements qui en résultèrent comptent de nombreux chefs d'oeuvre, en particulier ceux qui font entendre Coleman HAWKINS et Benny CARTER.
Suite à la déclaration de guerre de 1939, GRAPPELLI reste à Londres ; le clarinettiste Hubert Rostaing le remplacera au sein du Quintette qui connaîtra pendant l'Occupation un succès voilé par la sourde mélancolie de son thème le plus célèbre, Nuages (décembre 1940...) - qui couvrent le ciel de la Liberté. Liberté dont le retour triomphal sera salué avec Grappelli dans un studio londonien le 31 janvier 1946 par une Marseillaise swing flamboyante rebaptisée pour l'occasion Echoes of France.
Le succès du guitariste lui permettra de diriger des grands orchestres qui participeront à six séances d'enregistrement de 1940 à 1945.
Son séjour aux Etats-Unis (où il devait participer à une tournée de Duke ELLINGTON le déçoit et le passage à la guitare électrique sera aussi un sujet de contrition pour cet homme qui souhaitait voir son art pleinement reconnu. Sa disparition en 1953 fera, paraît-il, pousser quelques soupirs de soulagement à certains des guitaristes qui durent subir une comparaison douloureuse avec le Gitan durant leur carrière...